mercredi 28 avril 2010

REX ET LE PRESIDENT


Depuis son passage à l’émission Paroles de français, sur TF1, le 25 janvier, il croule sous les messages de félicitations. Rex Kazadi, 32 ans, originaire de RD Congo, était l’un des onze Français sélectionnés pour interroger en direct Nicolas Sarkozy. Ce père de cinq enfants, infographiste à Villiers-le-Bel (au nord de Paris), a interpellé le président sur les problèmes des banlieues.

Rex avait été repéré par TF1 après avoir participé à un reportage sur les quartiers difficiles présenté par Harry Roselmack et diffusé en novembre dernier. « Quand la chaîne m’a contacté pour cette nouvelle émission, j’ai surtout eu le trac. J’avais envie de bien faire et de donner une meilleure image de la banlieue, à mille lieues de la caricature qu’en font les médias », raconte-t-il.

Avant le début de l’enregistrement, le président est venu saluer chaque intervenant en coulisses. « Il était souriant, sympathique, poursuit Rex. Il nous a demandé si on avait le trac et a pris le temps de saluer les amis qui nous accompagnaient. Du coup, je me suis senti à l’aise. » Alors que certains journalistes se sont offusqués qu’il soit le seul homme – avec Samir Abbas, professeur dans un lycée professionnel – que Sarkozy ait appelé par son prénom, lui y a plutôt vu une forme de décontraction. « J’ai été le premier à le rencontrer, dans la loge, et il m’a d’emblée appelé Rex. Ça ne m’a pas dérangé. »

Originaire de Kinshasa, Rex est arrivé en France à l’âge de 9 ans pour rejoindre son père, étudiant en droit. La discrimination, il en a souffert et en est témoin tous les jours. « On ne peut pas comprendre la banlieue, le chômage, la violence ou les problèmes de logement si on ne mesure pas la discrimination dont les gens sont victimes. Quand j’ai interpellé le président sur ce point, j’ai senti qu’il était sincère et vraiment révolté par cette injustice. »

Pour autant, la manière dont est mené le débat sur l’identité nationale le met mal à l’aise. Pleinement français et pleinement congolais, Rex se sent riche de cette double culture et ne veut pas avoir à choisir ou à se justifier. « Mes deux pays sont comme mes deux parents. Je les aime autant chacun et leur suis fidèle à tous les deux. » Imprégné de culture anglo-saxonne, il se dit fasciné par le modèle américain, où les Noirs sont « des citoyens à part entière tout en étant attachés au continent africain ».

Bien sûr, l’émission l’a laissé un peu sur sa faim et il n’a pas pu poser toutes les questions qu’il aurait souhaité. « En une heure et demie et en direct, il est difficile d’établir un vrai dialogue. Mais je suis content de mon intervention. J’ai fait entendre la voix de la France d’en bas. »


http://www.jeuneafrique.com/Article/ARTJAJA2560p020.xml0/rex-et-le-president.html

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire